Tempête de neige sur la steppe

Überraschung Mongolia

Salam !

Je retrouve un peu de réseau pour vous envoyer des nouvelles de Mongolie, où mon voyage se poursuit avec quelques imprévus et péripéties. 

Comme convenu notre petite équipée germano-argentino-brasileno-française s’est mise en quête d’un moyen de rejoindre Ulgii, tout à l’ouest du pays, en début de semaine. Comme tous les bus de Mongolie partent d’Oulan-Bator et qu’il n’y a pratiquement pas de routes dans le pays ce n’est pas évident de se déplacer. Nous nous sommes donc séparés en deux groupes de deux dans l’optique de trouver des voitures pouvant nous emmener à mi-chemin. La première équipe a réussi à trouver une voiture, mon duo a finalement pris un mini van (après que la police nous ait répété à de nombreuses reprises qu’aucun van ne partait et qu’ils pouvaient nous emmener jusqu’à la prochaine ville moyennant une coquette somme). Notre van s’est embourbé, a crevé une roue et nous a finalement laissés sur une route où nous avons pris un bus qui nous a amenés à un autre bus qui nous a déposés à mi-chemin. De là notre groupe de 4 s’est réunifié et nous avons trouvé une voiture pouvant nous emmener à Ulgii. Le chauffeur a fait 5 fois le tour de la ville en parlant au téléphone, nous a fait changer 3 fois de voiture et nous a transféré à la moitié du chemin dans un van bondé. Après 48 heures de voyage, nous avons enfin réussi à rejoindre Ulgii d’où nous avons pu organiser notre tour dans le parc national Tavan Bogd, où nous souhaitions partir à l’ascension du Khüiten Peak, la plus haute montagne de Mongolie.

Nous avons donc trouvé guide et chauffeur et sommes partis. Mais en Mongolie rien ne se passe jamais comme prévu ! Notre ami allemand dit qu’ici c’est un peu comme un « Überraschung Ei » (comprendre Kinder surprise). On nous a tout d’abord expliqué que le parc national était fermé jusqu’au 1er juin, puis que le Khüiten Peak n’était pas accessible sans équipement d’alpinisme, mais qu’on pouvait se rabattre sur le Malchin Peak… C’est donc dans cette optique que nous sommes partis.

Le premier soir nous avons essuyé une grosse tempête de neige. Au matin, pas un nuage à l’horizon, le temps était parfait et nous étions prêts à faire l’ascension. C’était sans compter sur notre guide, qui nous a expliqué qu’elle n’avait jamais fait le trek en hiver et qu’on ne pouvait en fait pas y aller. On a donc décidé de faire une petite marche à la place pour arriver au point de vue des 5 pics. La « guide » ne connaissait pas le chemin et nous nous sommes retrouvés en jean avec de la neige jusqu’à la taille.

Au final nous avons quand même passé un très bon moment et avons pu profiter de superbes paysages. Nous avons dormi dans des familles locales qui nous ont nourris avec de grandes quantités de viande séchée, le tout arrosé de « Milk tea ». Hier nous avons été accueillis par une famille Kazakh qui chasse à l’aigle. Ils nous ont chanté des chants traditionnels et nous ont appris quelques mots de kazakh (et ici on dit « Salam » pour dire bonjour au lieu de Sambano). Ils ont voulu qu’on leur chante également une chanson, difficile de trouver un terrain commun à nos 4 nationalités… Nous avons donc entonné un « Stand By Me » très approximatif.

Aujourd’hui pour notre dernier jour nous avons fait un tour à cheval et avons été accueillis par une autre famille Kazakh, qui nous a fait connaître une tradition locale : tous les invités doivent avaler d’un coup une cuillère entière de beurre (hier c’est un gros morceau de gras d’agneau qui a été partagé entre les invités, sous l’œil du patriarche. J’ai souffert). J’ajoute ça à la tradition mongole qui veut qu’on boive de la vodka dans des bols. Nous avons d’ailleurs été invités par un mongol fort intimidant à trinquer quand nous étions à Ulgii et notre ami allemand était très rouge après le 4ème toast (j’ai été autorisée à refuser après un bol, mais le géant mongol n’était pas content !). 

Cette semaine m’a donc permis de découvrir plus en profondeur la culture mongole et de rencontrer des membres des minorités ethniques du pays. La diversité des visages que l’on croise est incroyable : yeux bleus bridés ou grands yeux noirs, teints très pâles ou très bruns, le point commun le plus significatif est que les mongols sont généralement grands et ont des voix caverneuses un peu terrifiantes. C’est toujours aussi impressionnant de voir ces gens qui vivent en autarcie complète au milieu de nulle part dans un climat aussi rude. Les panneaux solaires ont complètement changé leurs vies : ils leurs permettent d’avoir l’électricité, des téléphones fixes et des télés. Tous les nomades et bergers en sont équipés. 

Malgré la force physique des mongols et leur talent de cavaliers hors pair on comprend que les descendants de Genghis Khan n’aient pas réussi à maintenir l’immense empire : difficile de défendre un pays où il y a moins de deux habitants au km². Le pays se remet maintenant doucement des invasions chinoises et de l’ère soviétique et recommence à célébrer ses racines et traditions historiques.

Notre groupe va maintenant se mettre en route vers la ville où nos chemins vont se séparer dans 4 directions différentes. Si un jour nous arrivons, car notre combi russe est en panne, et nous sommes pour le moment condamnés à boire du thé et à manger des cuillères de beurre jusqu’à ce que mort s’ensuive (ou jusqu’à ce que le van soit réparé). On verra quelle sera la prochaine « Überraschung » que nous réserve la Mongolie.

À vite, 
Lucile 

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