Dans les forêts de Sibérie

Welcome to the USSR

привет !

Me voilà à nouveau dans le train, j’en profite pour vous raconter mes premiers jours en Russie !  

D’Oulan-Oudé je suis allée à Irkoutsk par le transsibérien, qui longe le lac Baïkal encore gelé sur cette partie. J’y suis arrivée par 30 degrés, le lendemain le froid est revenu et il a neigé toute la journée. Irkoutsk est une ville de Sibérie connue pour avoir été la dernière étape de l’exil des révolutionnaires décembristes de 1825, qui suivant l’exemple de la révolution française ont tenté d’imposer une constitution au Tsar (ça a raté et ils ont été envoyés au bagne). On se sent vraiment en Sibérie, entre églises orthodoxes très chargées et maisons de bois. On y trouve également une statue de Lénine, comme dans toutes les villes russes. 

C’est de là que je suis partie pour me lancer sur le Great Baïkal Trail ou Grand Sentier du Baïkal en français, un circuit de randonnée aménagé petit à petit depuis 2003 autour du lac Baïkal. Je n’en ai fait qu’une partie, les 24.7 km qui relient Lystvianka au petit village de Bolshie Koty. 

Le trek commence dans la forêt par une grosse montée. Après la tempête de la veille j’étais les pieds dans la neige, tout était blanc et c’était très beau. Tout en haut on surplombe le lac qui est vraiment immense et ressemble à la mer. En redescendant on arrive sur une plage, où une partie du lac était encore gelée. Ensuite la marche continue entre les pins. C’est long mais ce n’est pas très difficile et surtout la vue est incroyable. Tout est très propre et le chemin est émaillé de panneaux incitant à ne pas jeter ses déchets et à protéger l’environnement. Avec 20% de l’eau douce mondiale, le lac est la plus grande réserve d’eau douce au monde ! Et 60% de la faune qui y vit n’existe que dans cette région.  

Arrivée à Bolshie Koty j’ai appris qu’un bateau repartait en fin d’après-midi le lendemain, alors j’en ai profité pour continuer un peu plus loin au lieu de refaire le chemin en sens inverse. Il a fallu monter encore mais j’ai été récompensée par la plus belle vue, que je vous mets en photo ci-dessous. 

Le soir de retour à Irkoutsk je suis directement remontée dans le train, direction Novossibirsk. 31 heures à bord cette fois-ci. Je partageais mon compartiment avec un couple d’allemands très sympathique et nous avons pu mettre en commun nos victuailles. Le train ne s’arrête en général que quelques minutes à chaque station, difficile donc d’aller acheter à manger. Il faut prévoir à l’avance. En général je prépare des œufs durs, j’emmène du pain, du fromage, des légumes… Et toujours quelques biscuits à partager avec les russes, qui aiment discuter avec leurs voisins de train. Chaque wagon a son samovar avec de l’eau chaude à volonté. La provodnitsa, cheffe de wagon, connaît tous ses passagers et vient réveiller les dormeurs à l’approche de leur destination. Elle s’assure aussi que tout le monde est bien remonté à bord quand le train quitte une station.

De Novossibirsk je suis partie directement pour Zavyalovo, un tout petit village, où je devais passer quelques jours chez une famille qui avait supposément une ferme. En fait c’était plutôt un très grand jardin, mais bon je n’ai pas fait d’histoires, j’ai mis mes gants et j’ai planté des carottes en Sibérie comme on me l’a demandé. 

La famille était composée d’Alya, professeur d’anglais, Dima son mari qui a vrai dire ne faisait pas grand-chose et leurs deux enfants Vera et Mira. Ces quelques jours ont été une véritable immersion dans la famille traditionnelle russe. Il y avait une autre volontaire, Teresa, de Suisse. Nous dormions dans une yourte dans le jardin (ça ne m’a pas dépaysé après la Mongolie !). Les rôles étaient très cloisonnés, avec un emploi du temps pour les femmes et un autre pour les hommes. Comprendre : un emploi du temps pour celles qui doivent faire la cuisine, le ménage et le jardinage tout en s’occupant des enfants et un emploi du temps pour ceux qui peuvent vaquer à leurs occupations sans obligation particulière. 

C’est aussi là-bas que j’ai passé le 9 mai, fête nationale russe aussi appelée « jour de la victoire », qui célèbre la fin de la seconde guerre mondiale. Je suis allée à l’école avec Alya où les enfants, habillés en militaires et arborant des drapeaux de l’URSS et des pancartes avec les photos de leurs ancêtres morts à la guerre, ont fait un défilé au son de chansons patriotiques. Deux prêtres orthodoxes sont ensuite venus, il y a eu minute de silence, lâcher de ballons (pas écolo !) puis d’autres enfants toujours habillés en militaires ont chanté des chansons à la gloire de toutes les Russies et des vétérans. 

Le lendemain pour l’anniversaire de Vera la sévère babouchka, la grand-mère, est arrivée. Elle a saisi l’occasion de ma présence pour me faire faire tout un tas de travaux dans le jardin, où j’ai pu planter, arroser, repiquer et labourer toute la journée sous son commandement. Belle journée productive sous le soleil.

Enfin, une journée à été consacrée à une excursion linguistique avec les élèves d’Alya qui sont venus au village pour apprendre à faire des pizzas dans la vieille boulangerie, charge à Teresa et moi de tout traduire en allemand et en anglais. 

Toutes ces joyeuses activités ont été ponctuées de balades en forêt et de « banya » le bain russe traditionnel. Dans la yourte point de douche, on se lavait donc (de temps en temps) dans le banya, une sorte de sauna (à ne pas confondre avec les trains russes, dans lesquels la température est à peu près la même – merci le chauffage à fond). On fait donc chauffer le poêle du banya pour faire monter la température et on se laisse fondre doucement. Il y avait de l’eau chaude pour se laver et des branches de chêne, utilisées pour se « fouetter » le corps, il paraît que c’est très sain.

Je quitte maintenant la Sibérie en prenant un itinéraire alternatif au transsibérien pour rejoindre Kazan, capitale du Tatarstan. 36 heures de train. Ce soir je traverse l’Oural et je serai officiellement de retour en Europe… et plus qu’à 2 heures de décalage horaire de Paris. 

À bientôt,
Lucile 

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