La vérité sur le Trans-Sibérien

Ce mail contient des scènes de nu

привет !

La Russie, c’est fini ! Je suis bien triste d’avoir traversé la frontière aujourd’hui, mais contente de retrouver l’Union Européenne et l’espace Schengen, que j’aime, que j’adore et que je loue chaque jour pour la liberté qu’ils nous accordent (j’exagère à peine). À partir de maintenant, sauf coup d’éclat de la part des quelques pays eurosceptiques dont il semblerait que la France fasse malheureusement partie, je vais pouvoir regagner Paris sans contrôle aux frontières. 

C’est d’ailleurs la première fois que je traverse une frontière en train, puisque j’avais pour l’instant préféré le bus pour raisons économiques. C’était très facile, la police est montée à bord et a contrôlé les passagers un à un, pas besoin de descendre du train. 

Mais revenons-en à la Russie et à ma dernière semaine ici ! J’étais encore à Ferma Bobry quand je vous ai écrit la semaine dernière, et mon séjour là-bas s’est bien terminé. Pour mon dernier jour j’ai été conviée au banya collectif. Je sais que je vous ai déjà parlé du sauna russe, mais je vais revenir dessus car jusqu’à présent je n’avais fait le banya que toute seule et j’étais donc visiblement passée à côté de certaines traditions. 

Cette fois-ci on m’a bien tout expliqué et c’était l’expérience complète. On avait rendez-vous à la nuit tombée, tout le monde était tout nu sauf moi, en maillot de bain car trop pudique. On commence par une première session avec chaleur encore supportable puis on va se jeter dans la rivière, très très fraîche (il faut s’imaginer tout le monde courant tout nu en file indienne dans la forêt pour aller dans la rivière). À la deuxième session on m’a proposé de faire le truc des branchages. Je vous avais expliqué dans un premier mail que dans le sauna traditionnel russe on est censés se « fouetter » avec des branches de chêne pour favoriser la circulation et éliminer les toxines. Bon, j’avais tout faux sur la manière de faire. 

La première étape est de jeter de l’eau sur les pierres chaudes pour faire monter la température et créer de la vapeur. 

Et voilà qu’un type debout à côté de moi, tout nu, agite des branchages au-dessus de moi en faisant des sortes d’incantations et dans une chaleur insupportable. Le but est de diriger la chaleur grâce aux branches de chêne. Il n’y avait pas que les branchages qui s’agitaient et j’ai eu beaucoup de mal à conserver mon sérieux mais il faut respecter les traditions ! Après la cérémonie des branchages on va à nouveau se jeter dans la rivière, rebelote à courir cul-nu dans la forêt à la queue leu leu. Le deuxième bain est plus facile que le premier, après la chaleur de l’étape branches de chêne ambiance chamanique. L’eau froide m’a bien aidée à contenir mon envie de rire. Mais il faut reconnaître que le sauna russe est effectivement très revigorant ! Je conseille l’expérience ! 

Après cette expérience typique j’ai quitté la ferme et dédié mes derniers jours en Russie à la visite de Moscou et de Saint-Pétersbourg.

À Moscou j’ai retrouvé Maria-José, une équatorienne rencontrée en Inde avec qui j’ai visité une bonne partie de la ville : la place rouge, le Kremlin, le mausolée de Lénine où on peut voir son corps embaumé – très perturbant. Ça a aussi été l’occasion de déguster quelques syrnikis et varenikis en bonne compagnie, ce sont mes spécialités culinaires russes préférées.

À Saint-Pétersbourg j’ai dormi chez une russe qui vit dans un appartement partagé typique de l’ex URSS, avec la douche dans la cuisine. On a passé de très bons moments et elle était très ouverte pour discuter franchement de la situation politique en Russie. Elle m’a dit qu’on avait de la chance d’avoir le choix entre 34 listes différentes pour les élections !  Elle a aussi accepté de me couper les cheveux pour me débarrasser de cette effet « nuque longue » vraiment pas très tendance. 

Maintenant que mon périple russe est terminé je vais en profiter pour faire un petit point sur le transsibérien. Avant mon départ beaucoup de gens m’ont dit que j’allais me ruiner, je vais donc rétablir la vérité. Sur la ligne du transsibérien circulent différents trains qui vont plus ou moins vite et desservent différentes villes. Pour ma part j’ai fait 5 étapes entre Oulan-Oudé et Saint-Pétersbourg (Irkoutsk, Novosibirsk, Kazan, Moscou). Il faut prendre un billet pour chaque trajet et tous les billets peuvent s’acheter en ligne très facilement sur le site de la compagnie russe, RZD. J’ai toujours voyagé en 3eme classe, c’est à dire en wagon de 54 lits répartis en « compartiments » (ouverts) de 6 lits, sauf sur deux trajets faits en 2eme classe car il n’y avait plus de place en 3eme. Certains trains sont « premium » et comportent un repas, sinon il y a de l’eau chaude à volonté dans tous les trains, des toilettes propres et les couchettes sont confortables. Pour ces 5 trajets j’ai payé au total 156.34 euros, ce qui veut dire que faire Oulan-Oudé – Saint-Pétersbourg coûte à peu près 5 à 6 fois moins cher qu’un iPhone X. Le choix est vite fait en ce qui me concerne. 

Niveau zéro déchet ça n’a pas été facile du tout en Russie ! D’abord pour me nourrir dans le train j’ai bien dû acheter quelques trucs emballés et ensuite le plastique est roi ici et les commerçants insistent beaucoup pour donner des sacs plastiques à tout va. À Saint-Pétersbourg Olia, qui m’a hébergée, fabriquait aussi ses cosmétiques elle-même, elle m’a donc prêté ses ingrédients pour refaire du dentifrice maison. On peut filtrer ou bouillir l’eau du robinet partout donc pas besoin d’acheter de bouteilles d’eau. 

Je n’ai pas vu beaucoup d’énergie solaire en Russie, contrairement à la Chine et la Mongolie. On a aussi beaucoup entendu parler dans les médias des objectifs de Poutine pour l’agriculture bio, dans les faits il y a très peu de légumes bio en vente dans les magasins. 

Voilà pour la Russie, vaste pays qui mériterait d’y passer bien plus de temps ! Je suis maintenant en Estonie et je vais tranquillement descendre vers l’Italie. Je ne sais pas si je vais continuer à faire un mail par semaine, je verrais si j’ai encore des choses intéressantes à raconter !  

À vite, 

Lucile 

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